Qu’est-ce que cela signifie vraiment ?
Le corps est le lieu du vécu de l’expérience, quelle qu’elle soit, heureuse ou malheureuse. Il est ainsi habité d’empreintes de situations, anciennes ou récentes que nous pourrions appeler ‘mémoire corporelle’.
Cette mémoire est présente dans l’ensemble de notre corps via les fascias, qui sont ces fines membranes qui enveloppent tous les éléments de notre organisme, de la tête aux pieds, de la périphérie à la profondeur.
Vous connaissez peut-être le péricarde autour du coeur, les plèvres autour des poumons, les aponévroses autour des muscles, le périoste autour des os, le péritoine au niveau des organes abdominaux, ces tissus sont aussi présents au niveau du cerveau.
Il existe une mémoire contenue dans notre psychisme et une mémoire du corps. Corps et esprit ne forment qu’un, ils sont en lien étroit et interagissent continuellement, mais peuvent parfois être coupé l’un de l’autre.
Cette mémoire du corps est source d’informations précieuses pour soi et elle n’est pas toujours disponible. Dans les cas les plus douloureux, où nous avons rencontré la dureté, la dévalorisation, l’invalidation, l’humiliation, l’intrusion, l’agression, elle aura souvent été enfouie en nous par des mécanismes inconscients de protection. Ces empreintes ne nous empêchent pas de vivre mais elles sont porteuses de tensions, de blocages, d’inhibitions ou de souffrances qui nous limitent dans l’expression de ce que nous sommes.
Combien de rêves non réalisés ? Combien d’êtres qui n’osent se montrer dans leur singularité ? Combien qui s’empêchent de concrétiser leur projet ? Combien d’ailes ou de créativités non déployées ? Combien qui se contentent de ce qu’ils vivent parce qu’ils pensent qu’il ne peut en être autrement ?
Aussi, lorsque nous sommes dans une démarche thérapeutique, il peut être utile d’aller à sa rencontre, avec beaucoup de respect, de bienveillance, de douceur. Pour cela, différentes voies sont possibles, en fonction de chacun et de ce qui se donne dans l’instant présent.
Est-il possible d’y arriver seul? Comment ressentir cette matière vivante qui est intiment liée à notre psychisme?
L’ humain est un être de relation. Dans une séance verbale, le praticien est à nos côtés pour nous écouter, ressentir et nous guider vers la prise de conscience de notre histoire. Il en va de même pour l’exploration de cette mémoire corporelle.
En psychothérapie lors de l’échange verbal, une sensation corporelle peut se manifester, sous la forme d’une tension, d’une émotion qui ne demande qu’à être accueillie pour pouvoir s’exprimer. Alors commence une exploration de cette sensation, guidée par ma voix.
Dans ma pratique je peux aussi proposer de poursuivre l’entretien verbal depuis la table afin d’aller écouter ce que le corps dit de ce qui vient d’être partagé. Je me mets alors à l’écoute du corps, en posant les mains sur les membres inférieurs, supérieurs, le thorax, l’abdomen, là où le corps appelle, là où se loge une immobilité dans les tissus corporels (fascias), qui demande à être mise en mouvement.
Pas à pas, vous entrez dans votre intériorité, découvrez votre capacité ou difficulté à percevoir des sensations corporelles. L’apprentissage des perceptions peut parfois prendre du temps. Pendant la séance peut alors émerger ce qui est prêt à l’être dans l’instant : un souvenir, une libération de tension, une émotion, sur lesquels des mots seront posés afin d’ancrer ce qui se manifeste.
Donner la parole au corps, écouter son histoire, est source de transformations. Une transformation des rapports que nous entretenons avec les événements, les situations, les êtres, avec soi. C’est un nouveau regard sur la vie qui peut ainsi être porté.
Le corps est cette magnifique structure vivante qui nous permet de vivre, de nous déployer, nous avons tant à gagner à l’écouter, à lui donner une place toute particulière dans notre vie.